novembre 16, 2006

L'ombre de moi-meme

Y’a des jours comme ça où on est l’ombre de soi-même.
Le réveil ne vous agresse même pas : vous ne l’entendez pas.
Ma première pensée fut « On est quoi ? jeudi. QUE jeudi noooooooooon ! Au secours ! » Ensuite on se met sous la douche, ça ne fait rien de plus que vous mouiller. Même froide. Mais là encore vous ne réalisez pas qu’il y a un souci. Puis café, enfant, école « Je veux rester avec toi à la maison ». Vous pensez « Oui, moi aussi, chérie, moi aussi », imaginant un instant le bonheur sans limite que serait une grasse mat’ au lit avec un café et un bouquin, mais vous dites « mais non, ma chérie, ta place est à l’école, avec tous tes copains qui t’attendent, là, regarde ! » Trente paires d’yeux nous entourent en effet, puis quelques réflexions fusent « qu’est-ce qu’elle a ? » « Elle veut peut-être rester avec toi » me suggère une brunette à couettes (...)
Le petit matin n’en finit plus de vous bousculer avec son cortège d’horaires qui se suivent sans vous laisser de répit. Les gens vous poussent, vous pressent, vous dépassent, vous envahissent.
À la boulangerie, je laisse passer une bonne femme (y’a pas d’autre mot), « Je suis pressée !!!! ». Je préfère la laisser faire son show devant moi que de la sentir piailler et trépigner pendant que je cherche des sous dans mon sac sans fond (vous voyez le cabas de Mary Poppins ? Je suis sûre qu’avec un peu de concentration, je pourrais comme elle extraire de mon sac un porte-manteaux, un miroir ou une plante verte). Bref, elle est tellement pressée, la Bonne-Femme, qu’elle met dix minutes à acheter ses trois croissants. C’est normal, je lui ai laissé mon tour, il est tout naturel qu’elle en jouisse à son aise sans que je proteste, et puis j’avoue, je n’ai pas envie, ça me passe au-dessus du crâne : je suis à l’ouest.
Vous arrivez au bureau martelé, roué, contusionné ; le téléphone prend le relais, des questions, des réponses, des choses à relire, des gens, partout, encore. Des vannes, plus ou moins drôles (un open space de dix personnes n’est pas une situation toujours facile à vivre, je ne vous apprend rien).
Ce midi un médecin me conseille de tuer quelqu’un « Faites-le, vous verrez, ça soulage ». Qu'est-ce qu'il dit ?
Je n’émets aucune objection, j’y avais bien pensé avant qu’il me le suggère. Mais ce n’est pas parce que les gens sont cons que ça m’autorise à les tuer. J'ai expliqué ça il n'y a pas longtemps à ma poulette. Je dois m'y tenir.
Bref, après une course de vitesse d’une heure quinze pour cinq minutes de rendez-vous, je suis enfin réveillée pour attaquer une après-midi qui sera certainement fascinante.
Je trouve ça impossible de raisonner en se disant "Et demain quoi ? Demain pareil. Sauf qu'on sera vendredi."
Non, je ne trouve ça pas possible.

4 commentaires:

  1. Il y a toujours une raison de s'émerveiller, dans une journée, d'avoir plaisir à vivre, d'être présent au monde et attentif.
    Ce petit texte en est la preuve.

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  2. Bonjour holly
    merci pour ton gentil commentaire.
    C'est toujours réconfortant de trouver un petit moment de beauté, de rire, de douceur ou de philosophie, au détour d'un blog ;-)

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  3. Anonyme10:10 PM

    (je ne suis pas là, je vous laisse entre fans de Mary Poppins)

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  4. Euh, en tant que l'ombre de moi-même, je te salue !
    (rires)
    Bon, je suppose qu'il faut parfois être l'ombre de soi-même pour arriver à en être la lumière, parfois.

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