mars 31, 2011

Faut-il chercher à faire entendre raison aux cons ?

Dites donc, qu'est-ce que les cons sont en forme en ce moment, c'est impressionnant.
Ces derniers jours, les exemples se sont bousculés au portillon, de sorte que j'en viens à redouter une prolifération massive due à je ne sais quelle montée récente températures, FN, radioactivité, pollens...
Et face à eux, quelle attitude adopter ?
Enfin, c'est une question rhétorique, dans la plupart des cas qui suivent, je ne suis pas concernée directement, mais l'envie de répondre me chatouille parfois.
Dans ces cas-là je grattouille plutôt deux fois qu'une, partant de ce principe : "Ai-je vraiment besoin d'avoir le dernier mot face à un con ?" Généralement, la réponse s'impose, c'est Non.

Cette semaine, mes voisins qui se tirent dessus à grands coups de mails insultants et rejouent Les rivaux de Painfull Gulch (vous me la copierez celle-là) : je suis effarée de les voir s'éreinter en mettant en copies tous les autres, alors qu'ils habitent sur le même pallier (évidemment, on en prend au passage, ça s'appelle les dégâts collatéraux, mais loin de moi l'idée de me sentir atteinte, faut pas pousser).
Ambiance "C'est lui qui a commencé, j'aime pas les cons !"
Vraiment, les gars ?!


Les hurlements dans le bureau entre collègues, dont émerge un superbe "Je ne te demande pas de penser !" suivi d'un "De toutes façons, vous me faites chier, là, les intellos à tout compliquer !!"


Les ronflements d'un groupe de gros frustes au milieu du concert hier soir alors que la chanteuse entonne une balade, nombreuses dans son répertoire.
Quoi les gars, vous ne le saviez pas en venant ?
Bref, ceux-là, on leur a quand même dit à la sortie que ça ne se faisait pas, de pourrir le spectacle à tout le monde.
A quoi nous nous sommes entendu répondre "Sacralise pas tout, mec, on est pas dans une église."
Et voilà.
La preuve par l'exemple.

Il faudrait pouvoir ne pas parler aux cons. Oui mais voilà, ils sont nombreux, et leurs ressources sont infinies (oui, je sais, ça fait peur, but let's face it !).

Plusieurs stratégies se présentent à nous :
1/ les ignorer : demande de prendre plus ou moins sur soi, selon le degré d'implication que l'on veut mettre dans la conversation (trèèès important, j'y reviendrai).

2/ leur répondre pour faire avancer le débat : demande d'avoir de la ressource, ça peut vous mener loin. Ressources pédagogiques et ressources de patience.

3/ se mettre à leur niveau : ça demande parfois pas mal d'imagination, mais ça peut être divertissant. Attention toutefois, la frontière est ténue entre divertissant et avilissant.

Et puis évidement, si ne pas répondre aux cons est un bon moyen d'avoir la paix, certaines situations ne peuvent tolérer le silence. La tolérance demande de faire des efforts, défendre ses convictions aussi.

En ce moment, je suis plutôt dans le 1/ mon implication est proche de zéro (je n'ai plus la ressource et je n'ai pas le temps. J'apprécie), les cons ne passent pas par moi.
Pourvu que ça dure.


mars 29, 2011

Charrette ou charrette pas ?

Comme à chaque fois que je suis débordée par le boulot, je me mets en veille de questionnement, et comme d'habitude, je constate que ça ne fait pas de mal de faire une pause sur les tenants et aboutissants existentiels.

Et puis autant le prendre comme ça, puisque de toutes façons, le boulot cogne à la porte, les clients n'attendent manifestement que moi, l'heure n'est pas à "qui suis-je, où vais-je".

La masse de boulot actuelle est énorme, et je remarque que dans ces cas-là, j'ai toujours l'impression que le plus dur est devant moi.
Et là, pour le moment, je n'arrive pas à me projeter sur une fin de charrette. Proche, j'entends.
C'est étonnant, d'autant plus que je sais que dans quelques mois, nous nous regarderons tous en chiens de faïence, en attendant de connaître le sort qui nous sera réservé.

En même temps, je ne peux pas m'empêcher d'attendre qu'il se passe quelque chose. J'ai tellement de mal à prendre une vraie décision, dont je sais qu'elle serait certainement un peu trop radicale... J'ai envie de que ça bouge, mais j'ai la trouille, du coup, j'attends un peu de voir ce qui va se passer. Et plus je vieillis, plus je réagis comme ça. Est-ce que ça va basculer dans un autre sens ? Est-ce qu'un jour j'arriverai à prendre les décisions radicales qui me permetteraient de bouger et de prendre de vrais risques ?

A côté de cela, j'essaie de m'accrocher côté écriture, mais comment porter un livre en plus du reste ? Je pense que mes efforts sont dérisoires, mais je sais que je ne peux pas m'arrêter. J'ai besoin d'avoir ce ressort en moi, cette échappée belle. Tout bonnement et simplement.

J'avais participé à un appel à auteurs sur une histoire pour enfants.
Je n'ai pas eu de réponse, je pense que c'est cuit.
Dommage, j'aurais vraiment été la plus heureuse des femmes de voir cette histoire, à laquelle j'étais tellement attachée, prendre vie sur des illustrations et partir aux quatre vents rejoindre les enfants dans leurs lits.

J'aimerais dire que je vais quand même la proposer à d'autres, que je vais me débrouiller pour la faire vivre ailleurs, mais... là tout de suite, je sais que je n'en ai pas le courage.

On verra demain.

mars 21, 2011

Mes collègues et moi

Quand je caresse de l'idée le projet de devenir free lance, je m'interroge souvent sur la solitude que j'éprouverais seule chez moi, à concurrence égale avec la tranquillité, évidemment.
Les dernières semaines sont tellement riches en missions de toutes sortes (je suis donc débordée), nécessité faisant loi, je prenais sur moi et je gérais les accès de stress des uns et des autres.
A savoir qu'en open space, quand quatre personnes sur cinq sont au téléphone en même temps, si vous avez le malheur d'être la cinquième, vous prenez vos pages et allez relire ailleurs.
Oui, cinq personnes, c'est un petit open space, plus open que space, en fait, nous sommes les uns sur les autres. Et forcément, des fois, ça swingue...


Ma collègue androïde (qui a finalement fini sa pomme après l'avoir laissée pourir trois jours durant sur son bureau, par provoc, je pense, après que je lui ai dit ce que j'en pense), pète les plombs plus vite que son ombre.
Il suffit qu'un planning lui résiste, ou qu'elle ne comprenne pas l'arborescence d'un doc, pour qu'elle soit en larmes, ne réponde pas ou nous hurle dessus quand on lui propose de l'aide, et prenne finalement ses clics et ses clacs sans dire au revoir un vendredi soir.
La même qui vous dira qu'elle vous connaît mieux que vous même (what else, elle a fait une analyse) et qui, quand vous lui donnez un conseil, vous répond "oui maman !"
Bon, je ne suis pas susceptible, mais si je l'étais, ça aurait vite fait de m'agacer.


Ma collègue intérimaire, elle, voulait que nous soyons amies au bout de deux jours. Pourquoi pas. Mais comme je suis un peu sauvage ("désagréable", ndlr.), l'affaire n'est pas pliée de sitôt.
Au bout de trois semaines, je me félicite de n'avoir pas encouragé ses velléités, jugez plutôt : elle explose de rire plus fort que de raison, dès que je fais l'ombre d'une blague, et quand quelqu'un viens me faire des remarques sur mon travail, se lève dans la foulée pour venir me défendre et me donner des arguments pour moucher ces gens qui osent discuter avec moi de la qualité des docs que nous réalisons.
Pire, elle me dit, "Oh May, tu as un tempérament de feu ("un sale caractère", ndlr), tu devrais être orientale !"
Ma collègue amie me dit "A ta place, je flipperais, as-tu vu JF partagerait appartement ?..."



Ma collègue martyre, elle, appelle à 19h et, d'une voix mourante, me demande si je veux qu'elle relise mon doc ce soir. La vision fugace, mais très précise, d'elle le lendemain matin, l'air épuisé, confessant dans un souffle et dans tous les couloirs qu'elle a relu le rapport machin jusqu'à tard me décide, c'est non. Je ne lui fournirai pas les clous pour la croix.



Mon collègue optimistissime refuse de reconnaître les dysfonctionnements de la boîte. Il fait la bise à la boss, il connaît ses circonstances atténuantes (il ne peut pas se permettre de dauber sur une "amie"). Sauf quand la coupe est pleine. Alors il proteste, râle et peste.
Derrière sa cloison.



Mon collègue Ken a la voix très grave. Dès qu'il parle, il parle des heures et l'on sent que sa voix est douce à son oreille. Il se rengorge, s'écoute déblatérer, multiplie les expressions du genre "A aujourd'hui" et "Je vais ambiancer le client" (comprendre " je vais l'embrouiller agréablement").
Plus de trois interlocuteurs, il est en cours magistral: tout le monde en profite. Au bout d'1/2 heure, je lui fais remarquer qu'on essaie de bosser et qu'il faut plus de bruit que nous cinq réunis. Au bout de deux heures, il vient s'excuser. Le mal est fait. On n'excuse plus.


Ma collègue chef est harcelée par "les gens", elle est tellement incontournable qu'elle se plaint souvent de ne pouvoir faire un pas dans l'agence sans qu'on l'interpelle. C'est certainement parce qu'elle le vaut bien. Je n'aime rien autant que l'entendre trépigner de plaisir en disant dans un hoquet "Mais laissez-moi tranquille, les gens !!!"


Restent mes collègues amies, qui me manqueraient vraiment si je devais travailler chez moi. Les bons jours, je me dis qu'elles me manqueraient de insupportablement. Les mauvais jours, que j'aurais bien plus plaisir à les retrouver le midi pour déjeuner avec elles.


Conclusion ?





(Quand j'ai besoin d'air, je vais faire un tour ici)


mars 17, 2011

A mon avis, ce jeudi

Lu dans 20 minutes ce matin, dans un article sur le camp de roms de Sarcelles :
Margaretta s'indigne des banderoles affichées par les riverains à l'entrée du camp, parmi lesquelles "Stop à l'invasion des rats", et dit "On est pas des rats. On est pas des voleurs. On est des Européens, et on a le droit de rester en France", grogne-t-elle."

A mon avis, en choisissant le verbe "grogner", le journaliste ne pensait pas à un rat, mais il donne là un bel exemple de message implicite.
Oui, le diable est dans les détails.



Ma voisine de bureau, qui est une personne plutôt propre sur elle, a laissé sur son bureau il y a deux jours une pomme à moitié dévorée. Je me demande combien de temps elle restera là. Et comment font les gens pour travailler avec des trucs dégueu sous le nez.
A mon avis, c'est un androïde.
Ce qui fait que je vais pas pouvoir rester travailler ici, hein.
Des fois qu'elle disjoncte (et en écrivant ça, je réalise qu'elle disjoncte particulièrement souvent et fort. Maman j'ai peur.)


Hier mon bonhomme de trois ans et demi s'est pointé dans la cuisine avec un soutien-gorge violet en disant "C'est crè zoli ça, tu le mettras demain, d'accord ?"
A mon avis, il traverse un truc.




Je n'ai toujours pas appris à dessiner, mais vous pouvez aller voir le dernier de Margaux Motin, il est coloré printemps (et moi qui rêve d'un tatouage...).

mars 15, 2011

Rêver d'avoir le temps

bon bon bon

comme à chaque fois que je traverse une période de boulot démente, je cogite sans arrêt en arrière de mon cerveau sur les choses que je RÊVE de savoir faire / d'avoir le temps de faire / d'apprendre à faire.
ça doit être une façon que mon cerveau a de se libérer les neurones surchauffés par une activité trop intensive.

En général, ça se termine par du grand délire, du genre : je voudrais apprendre à cuisiner un nouveau plat par semaine, alors que cuisiner est une des activités qui me met le plus sur les nerfs du monde.
ça et me vernir les ongles.
Mais les ongles, c'est moins obligé que la cuisine.
et puis j'aime bien manger.

Donc, je disais que les périodes d'activité intense rendent les idées de temps libre fantasmagoriques, et là, je ne me contente plus de vouloir avoir le temps d'écrire, je voudrais aussi apprendre à dessiner en un tour de main, et apprendre le violoncelle (ou, ça me tient, et je crois pas que je vais attendre la retraite pour m'y mettre (la patience c'est pour qui, en vrai ?)).
Et aussi me mettre au jogging, mais ça il n'y a aucune chance, vu que mon pied n'est que douleur dès que je fais un peu la course avec ma fillotte.
Mais je gagne quand même à chaque fois.
bon ok, elle n'a que huit ans.

Et vous, vos délire de "quand j'aurai le temps", c'est quel genre ?

mars 14, 2011

Les turbulences

Aujourd'hui je lis que le Japon s'est déplacé de 2,4 mètres.
A côté, sur la page de Une, la photo de Kadhafi, les mains jointes, comme en prière, mais comme un homme qui ne cédera pas, surtout. De ceux qui vont au bout, mais tout le monde le sait.
Maroc, Barheïn, Yemen, le feu est partout, la révolte secoue tout.
Et au milieu de tout, je vis mon quotidien comme si de rien n'était, alors que le monde traverse une violente turbulence.
Et je ne me remets pas que ça soit possible, des concomitances pareilles.
Et je sais que c'est la vie qui est comme ça.
Et ça me fait drôle de songer que ce genre de confrontations me permet de relativiser les ridicules sources de stress de notre quotidien, surtout professionnel.

Ce matin, je me demande comment mener ma vie sans faire comme si de rien n'était, parce que cette idée me laisse dans un drôle d'état.
Comment vivre avec cette conscience et rester un peu légère sans être passive ?
Ce matin je lisais un article sur Joan Baez, sur son engagement, Luther King, toute cette période-là, elle qui conseille à Barak de foncer, d'aller jusqu'au bout sans se soucier d'être réélu ou non.

Ce matin j'ai envie d'être engagée, moi aussi, et je me demande comment je vais m'y prendre.





Joan Baez et Bob Dylan



(Et au milieu de tout cela, Fonelle me fait rêver avec un bout de tissu...)

mars 07, 2011

où sont les femmes ?

Je n'ai pas la télévision.
C'est dommage, parce que je serais vraiment curieuse de savoir si cette émission proposée par France 2 va élever le débat...


La pub pour l'émission me laisse pour le moins dubitative (c'est un euphémisme : elle m'a fait hurler) mais comme je travaille sur mon second degré en ce moment, j'essaie de faire un effort et de me dire qu'elle est complètement décalée et tendra à montrer l'évidence que les femmes ne "servent" pas uniquement à améliorer le contenu de l'assiette/du biberon/de la machine à laver.

La journée de la femme, ok, pourquoi pas : on débat du statut de la femme dans le monde,
on ouvre un peu les yeux aux gens qui ont l'impression que hommes et femmes ce n'est qu'une histoire de futilité/virilité, ou qui ont l'impression que oui oui, les salaires, les voiles, tout ça, c'est à côté, mais pas chez nous : erreur !




Alors parlons-en oui, mais aborder le sujet sous cet angle-là, avouez, ce n'est tout simplement pas possible ! Je dis non !
Bon sang, on est en 2011 et on se paie des clichés dignes des années 50, ça me rend folle.
C'est le niveau zéro de la pub, t'es bonne à autre chose qu'à faire les biberons, le dîner et la lessive, non ?
Ah si, si, c'est sûr.
C'est juste que la place des femmes n'est pas une question à aborder sous le thème de l'utilité des femmes, merde !




Mon second degré, je disais donc.
Sauf que je ne suis pas sûre de faire confiance à la télé pour dépasser le cadre des clichés.
En fait ça me fait un peu penser que France 2 va faire sa fête à l'image de la femme.
Sur ce, je vous laisse, j'ai un magazine à envoyer en impression, et après il faudra que je lance une lessive, que je sois un peu utile et que je tienne mon rang de femme, quoi.

Allez, bonne journée !


PS. sorry pour la qualité des photos, c'est la colère, ça me fait trembler.

mars 03, 2011

L'acte manqué

Ou comment mettre tous les moyens de son côté... dans une besace trouée !

Récemment, j'ai participé à un appel à auteurs pour un magazine pour enfants.
Prévenue suffisamment à l'avance, j'ai eu le temps de réfléchir, de changer d'idée 12 fois, et de rédiger un projet.
Puis de le faire lire, de le corriger, de le modifier, de l'aimer.
Arrivée proche de la date d'envoi, je me penche sur les modalités.
Surprise...

On envoie pas par mail, ma petite dame, mais par courrier, en AR, et avant la fin du mois (J+2, donc).
Et on envoie pas le texte comme ça, non plus. On séquence.
En 11 séquences.
Chacune consacrée à un temps de l'action.
Chacune de 12 lignes maximum.
Chaque ligne de 40 signes maximum.

Je défaille.

Passée la colère contre moi, passée la matinée à reprendre le texte, à le séquencer, à le couper...
Je trouve le résultat bien plus intéressant !
L'écriture est (encore) plus fluide, ça me plaît !

Je cours à la poste, j'y laisse ma chemise pour être certaine qu'il arrivera en temps et en heure.

Je suis toujours en colère après moi.

Qu'est-ce qu'il s'est passé ?
Pourquoi ne me suis-je pas préoccupée du règlement, alors que pendant des jours, je me suis demandé de combien de signes était le calibrage ?

Tout était là, noir sur blanc.
J'avais un numéro, j'aurais pu appeler.
Mais non, comme d'habitude, je me suis dit que j'allais bien réussir à me débrouiller toute seule.

Mais en fait, en glissant mon texte dans l'enveloppe... l'évidence.

Je n'y crois pas.

Je ne crois pas que je puisse gagner. Ni même que mon texte puisse m'amener à avoir des contacts. Je n'y crois tout simplement pas.
Et puis j'ai peur.
L'un dans l'autre, si je m'étais réveillée trop tard, ça m'aurait évité de prendre des risques. Celui de ne pas être retenue, par exemple.
Mais à raisonner comme ça, on ne fait rien, or moi, je veux que ça bouge !

Me voici donc confrontée à deux forces contraires, toutes deux intenses.
Difficile de constater que l'on est son meilleur ennemi.